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Actualités

19.01.21

Le QShaman au Capitole

Développements sur l'article "Capitole: qui est l'homme avec des cornes, le Shaman de QAnon"

« L’homme aux cornes » parmi les émeutiers.

Le 7 janvier dernier, au lendemain de l’émeute menée par les supporters de Donald Trump au Capitole, Lucie Oriol écrit dans le HuffPost un article qui ne relate pas une fois de plus le déroulé des évènements mais s’intéresse à un personnage particulier aperçu dans la foule.

Sur les photos prises de l’émeute, il marque en effet les esprits par ses tatouages, sa toque de fourrure à cornes, son visage peint en rouge-blanc-bleu. QShaman, Jake Angeli de son vrai nom, a régulièrement été aperçu dans les manifestations en faveur de Donald Trump, écrit la journaliste. Son accoutrement, précise-t-elle, est « lourd de sens » et répond à d’autres symboles néonazis et suprémacistes affichés par les émeutiers du 6 janvier.

 

Les complotistes sont-ils des « marginaux » ?

Les habits et tatouages de Jake Angeli reflètent en tout cas bien ses croyances et convictions, et son pseudonyme signale son adhésion à la mouvance complotiste QAnon, née sur internet autour des messages cryptiques de l’utilisateur « Q ». Son apparence, qui a provoqué beaucoup de moqueries sur les réseaux sociaux, a pu donner à certains l’image d’un excentrique et nourrir l’idée que les complotistes sont des marginaux.

La recherche, pourtant, dément cet a priori courant. Les chercheurs C. Le Caroff et M. Foulot expliquent que les profils rencontrés dans les milieux conspirationnistes sont particulièrement variés en termes d’âge, de niveau d’instruction et de secteur d’activité. Au contraire, supposent-ils d’après leurs données, il faut peut-être plutôt chercher les raisons de l’adhésion au complotisme dans le parcours de vie d’un individu et dans son cercle social, amis et famille.

 

Les QAnon sont-ils complotistes parce qu’ils souscrivent à l’idée d’une fraude électorale ?

Les termes « complotisme / conspirationnisme » et « théories du complot » sont devenus d’usage courant ces dernières années. Il pourrait être dangereux, selon J. Giry, de ne pas leur attribuer une définition suffisamment restreinte, au risque de voir des complotistes partout. Le politologue propose ainsi la définition suivante : « les théories du complot traduisent d’abord la conviction profonde […] qu’un groupe ou un individu omnipotent, navigant aux marges de la société, contrôle secrètement, en totalité ou en partie, l’ordre politique et social ».

Les QAnon affirment l’existence d’une cabale pédocriminelle et sataniste contrôlant les Etats-Unis. Cette cabale serait également à l’origine de la supposée fraude électorale, ou même de la pandémie de Covid-19. Pour reprendre à nouveau les propos de J. Giry : « … ce qui emporte la labellisation complotiste, c’est le systématisme ou le systémisme qui veut que le complot devienne le moteur unique de l’histoire et la seule grille de lecture qui vaille des phénomènes sociaux… ».

 

Une dimension religieuse.

La communauté QAnon véhicule un message apocalyptique, voire messianique, d’inspiration chrétienne. Elle voit en Donald Trump celui qui combat et révèlera le complot, bouleversant l’ordre établi. Or ce sous-texte religieux et moral semble trouver un écho favorable dans les communautés de croyants, notamment évangéliques ou dans les milieux New Age comme dans le cas de Jake Angeli. Pour les prochaines semaines, Rhizome vous propose un dossier thématique qui s’intéressera à ces aspects particuliers des conspirationnismes : leurs dimensions religieuses, dans leurs messages comme dans leurs structures, et leur développement dans les milieux religieux.

En attendant, vous vous questionnez sur un courant de pensée rencontré sur le net ou dans votre entourage ? Rhizome, en tant que prestataire de l’Etat de Genève propose à toute personne résidant ou travaillant à Genève une information spécialisée, ainsi que d’autres prestations à découvrir ici et ici

Actualité commentée pour Rhizome par Simon Pichelin.

Pour aller plus loin :

Sur « le conspirationnisme » :

Eva Soteras, « Les enjeux politico-religieux du conspirationnisme à l’ère postmoderne », in Sociétés, 142 | 2018/4, mis en ligne le 27 février 2019, consulté le 15 janvier 2021. URL :  https://www.cairn.info/revue-societes-2018-4-page-7.htm

Julien Giry, « Étudier les théories du complot en sciences sociales : enjeux et usages », in Quaderni [En ligne], 94 | Automne 2017, mis en ligne le 05 octobre 2018, consulté le 12 janvier 2021. URL : http://journals.openedition.org/quaderni/1101

Sur « qui sont les complotistes » :

Coralie Le Caroff et Mathieu Foulot, « L’adhésion au « complotisme » saisie à partir du commentaire sur Facebook », in Questions de communication [En ligne], 35 | 2019, mis en ligne le 01 janvier 2022, consulté le 11 novembre 2019. URL : http://journals.openedition.org/questionsdecommunication/19405 ; DOI : 10.4000/questionsdecommunication.19405

Jean-François Mayer, « Chrétiens américains face aux théories du complot : le phénomène QAnon en contexte », in Religioscope, mis en ligne le 20 octobre 2020, consulté le 08 janvier 2021. URL : https://www.religion.info/2020/10/20/chretiens-americains-theories-du-complot-qanon-contexte/

Laurence Kaufmann, « Les rouages sociaux de l’imaginaire complotiste », in REISO, Revue d’information sociale, mis en ligne le 30 octobre 2019, consulté le 13.01.2021. URL : https://www.reiso.org/document/5141

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