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Actualités

26.11.20

La religion des présidents américains: un réel impact?

Retour sur l'article "Joe Biden, deuxième président catholique de l'histoire des Etats-Unis" de cath.ch

Un catholique à la maison blanche

Le 8 novembre dernier, Jacques Berset publie un article sur le portail romand cath.ch : Joe Biden sera le deuxième président états-unien de confession catholique. Si le journaliste rappelle que le démocrate divise ses coreligionnaires, il conclut en mentionnant les félicitations que lui a adressées la Conférence des évêques catholiques des Etats-Unis dans un communiqué appelant également à l’unité nationale après une période électorale houleuse.

Quelle influence l’appartenance religieuse des présidents américains a-t-elle sur la politique du pays ?

Joe Biden n’ayant jamais fait mystère de sa foi tout au long de sa campagne, la question se pose légitimement. Selon le chercheur D. Lacorne, elle serait en vérité assez faible. Les intérêts géostratégiques ont toujours primé dans les décisions politiques face aux nombreuses Eglises peinant à s’accorder. Même dans le domaine humanitaire où celles-ci sont très présentes, elles partagent largement leur influence avec les ONG séculières. Les travaux d’A. Barb sur la laïcité américaine, montrent plutôt que c’est dans la négociation permanente des contours de la liberté religieuse que les communautés semblent avoir réellement du poids.

L’électorat catholique a-t-il permis l’élection de Joe Biden ?

Lors des élections de 2016, les spécialistes de la politique américaine N. Caron et B. Chelini-Pont notaient que plus de 40% des Américains favorisaient Donald Trump, le candidat pour qui la religion importait le moins, y compris les protestants évangéliques blancs qui l’ont soutenu massivement en dépit de ses trois divorces, de son ignorance des choses religieuses et de son absence d’intérêt pour la lutte contre l’avortement. A l’inverse, Hillary Clinton, fervente méthodiste, bénéficiait, elle, du soutien des citoyens « non-affiliés à une religion ». Les positions de Joe Biden, en faveur du droit à l’avortement et du mariage homosexuel lui ont certainement fait perdre la moitié la plus conservatrice de l’électorat catholique, mais contrairement à une opinion largement répandue, l’attachement religieux des présidents n’est ni décisif ni essentiel pour les électeurs américains qui se préoccupent davantage de leurs positionnements sur les questions de société. Comme le rappellent les deux chercheuses, au pays de la devise « In  God  We  Trust » (En  Dieu  nous  plaçons  notre  confiance) et des  « God  Bless  America » (Dieu bénît l’Amérique), «la fréquence  des  références  à  Dieu  est à beaucoup d’égards trompeuse ».

Actualité commentée pour Rhizome par Simon Pichelin

Pour aller plus loin :

Barb, Amandine, « Une laïcité ouverte aux religions ? Le modèle américain », Études, vol. janvier, no. 1, 2016, pp. 19-34.

Caron, Nathalie, Chelini-Pont, Blandine, « Religion et Politique aux Etats-Unis: une relation en mutation », Les grands dossiers de diplomatie, n° 35, affaires stratégiques et relations internationales, octobre–novembre 2016, pp.26-29.

Lacorne, Denis, « Quelle place faut-il accorder à la religion dans la conduite de la politique étrangère des États-Unis ? », Critique internationale, vol. 49, no. 4, 2010, pp. 159-169.

Randaxhe, Fabienne « De “l’exception religieuse” états-unienne », Archives de Sciences sociales des Religions, n° 122, avril-juin 2003, p. 7-25.

Article de Cath.ch à lire ici.

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