Le 24 avril 2021, la Tribune de Genève publie un sujet inspiré par un livre sorti dix jours plutôt : La Famille – Itinéraires d’un secret, écrit par Suzanne Privat. L’ouvrage relate l’enquête de la journaliste, menée à la suite de la découverte fortuite d’une communauté religieuse installée à Paris, dont elle brosse peu à peu le portrait que la Tribune résume.
Des enquêtes sur « la Famille », il en existe deux autres sur le web : en 2017 d’abord, sur France Culture, par S. Liatard et S. Cassar, puis en 2020 par N. Jacquard pour Le Parisien. On y apprend que la Famille est un groupe religieux, effectivement uni par des liens familiaux, qui existe depuis le début du XIXe siècle. La communauté, d’origine chrétienne, s’est dotée d’une profession de foi propre et de règles nombreuses mais qui, d’après S. Privat, se sont largement assouplies durant les dernières décennies. Deux règles en particulier paraissent importantes et semblent perdurer. Elles sont d’ailleurs celles qui semblent susciter la fascination des médias : l’injonction au secret, sur la Famille et ses pratiques, et l’interdiction de se mélanger avec la gentilité, le reste du monde. Cette interdiction implique d’ailleurs que, depuis la fin du XIXe siècle, les unions ne se forment qu’entre les huit lignées qui constituent la communauté. Une obligation qui, peut-être plus rigoureusement que les autres, provoque l’exclusion du membre qui ne s’y astreint pas. Les témoignages d’anciens membres de la communauté le signalent souvent : on nait dans la Famille et lorsqu’on la quitte, on n’y revient pas.
Si le mode de vie de la Famille peut nous paraître singulier, il faut rappeler qu’il n’est de loin pas isolé. D’autres communautés, souvent plus importantes en nombre de membres et en ancienneté, forment ainsi des groupes plus ou moins « exclusifs », prônant des valeurs ou des pratiques très différentes de celles qui ont cours dans la société civile et pouvant aller jusqu’au rejet définitif de tout ce qui ne s’y accorde pas. Cette attitude, bien que surprenante pour notre société qui promeut une grande liberté des styles de vie, n’est pas incompatible avec un bon épanouissement des individus. Toutefois, cette exclusivité peut être la source de souffrances pour les personnes qui souhaitent quitter leur communauté ou qui y sont contraintes. Les propos recueillis parmi les anciens membres de la Famille en témoignent largement : difficultés d’adaptation au monde extérieur dont ils ne détiennent pas les codes, douleur d’être entièrement coupé de ses proches. Ils évoquent également le décalage parfois violent entre leurs aspirations et les astreintes de leur communauté, à l’époque où ils en étaient encore membres.
Si vous faites vous-même face à une situation similaire ou connaissez quelqu’un qui pourrait y être confronté, les collaborateurs de Rhizome peuvent vous proposer accompagnement, conseils ou soutien. N’hésitez pas à nous contacter.
Actualité commentée pour Rhizome par Simon Pichelin
Pour aller plus loin :
Le dossier de France Culture sur le kibboutz de Pardailhan et la Famille :
https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/dissidences-chretiennes-24-le-mysterieux-kibboutz-de-pardailhan
Le dossier du journal Le Parisien :
https://www.youtube.com/watch?v=WqJ6dkgq1vQ
https://www.youtube.com/watch?v=vH1bAompIJ4
L’interview de Suzanne Privat sur Arte :
https://www.youtube.com/watch?v=YyzYDMeHLBQ
L’interview de Damien, ancien membre de la Famille, par Konbini :
https://www.youtube.com/watch?v=2CpYrskujhE
Image: Interview de Suzanne Privat sur le plateau du journal 28 minutes. Capture.