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Actualités

23.04.20

L’histoire de la conversion d’Alice

Vous avez fait la connaissance d'Alice* au travers de son questionnaire à la Proust, découvrez désormais son histoire et son rapport au religieux !

Moi j’ai 19 ans, je suis une pure Suissesse, je suis née à Genève et j’ai toujours eu énormement d’amour envers ma famille, même si j’ai un caractère compliqué par moment je l’avoue.

Auparavant, je n’ai jamais vraiment eu de rapport avec la religion. Je n’ai jamais été baptisée et dans ma famille, selon eux, la religion est quelque chose d’inventé. Mais malgré ça, j’ai toujours cru en Dieu, mais sans me décrire comme une chrétienne ou autre. Pour moi, Dieu existait et c’est tout. La religion ne m’intéressait pas vraiment. J’ai jamais cherché à savoir qui Il était ou demander des explications par rapport à ça, car c’était un peu tabou dans ma famille. Mes copines d’enfance, elles, étaient pour la majorité des chrétiennes. Et quand on parlait de religion ensemble je me sentais mise à part car je n’avais aucun enseignement par rapport à ça, et donc je ne pouvais pas vraiment participer. En fait par moment, j’essayais de me convaincre que j’étais chrétienne par défaut, parce que je voulais appartenir à quelque chose. J’avais besoin d’avoir une identité religieuse.

Avant de découvrir l’Islam, j’ai toujours été très intéressée par la culture orientale. Quand j’avais 8 ans, on est partis en Tunisie avec ma famille pour faire des vacances là-bas. C’est là que je suis tombée amoureuse de cette culture qui était nouvelle pour moi. C’est le voyage qui m’a le plus marquée, à tel point que quand je suis rentrée en Suisse, j’ai pleuré pendant une semaine en écoutant un CD de raï que ma mère avait acheté là-bas. Cette culture m’a vraiment touchée car pour moi, tout ça était nouveau et aussi bien évidemment l’Islam était présent. Et c’est quelque chose qui m’a marquée car c’est la première fois que je découvrais cette religion. Quelques années plus tard j’ai grandi et je découvre l’Islam sous une nouvelle facette. Les médias parlent de ça comme quelque chose de dangereux. Du coup, je décide d’en apprendre plus et de vraiment découvrir cette religion en allant me renseigner vers des amis musulmans. Ensuite, j’achète un livre à ce sujet, c’était « fiqh as sunna pour les femmes ». Je le lis et ce que je lisais me plaisait, et surtout ça n’avait rien à voir avec ce que les médias disaient. Entre temps, je rencontre un garçon dont je tombe amoureuse et qui est également de confession musulmanne, mais qui à cette époque ne pratiquait pas et ne prêtait pas trop d’attention à sa religion. Des fois, il me parlait de l’Islam quand je lui posais des questions à ce sujet, mais ça s’arrêtait là. A l’heure actuelle, nous sommes toujours ensemble. Un jour, je regardais une vidéo sur YouTube d’une femme qui expliquait sa conversion et son rapport avec Dieu. Cette vidéo m’a tellement touchée que je me suis mise à pleurer et c’est là que j’ai eu le déclic. En fait je me reconnaissais en elle, et pour la première fois j’avais l’impression d’appartenir à quelque chose :  c’est là que je me suis dis que cette fois c’est bon, j’avais vraiment la foi, je savais en qui je croyais. C’est donc là que j’ai décidé de me convertir pour de bon. Mais avant, il fallait que mes parents soient au courant.

Ma mère se doutait déjà un peu de quelque chose. Un jour, on était dans la voiture et une grosse dispute éclate à ce sujet et elle commence à me déballer tout ce qu’elle avait sur le cœur, comme le fait qu’elle craignait que je me sois faite influencée par mon copain. Le soir même, j’étais dans ma chambre et elle est revenue vers moi pour me parler calmement de la situation. Je commence donc à lui expliquer pourquoi j’avais besoin de ça, et qu’en aucun cas mes idées venaient de quelqu’un d’autre, elle écoute calmement puis elle m’explique ses craintes, comme les dérives que l’on connaît habituellement malheureusement… donc je l’écoute et j’essaie de la rassurer. Ensuite, elle me propose d’aller parler de tout ça avec le dispositif « Gardez le lien » et je lui réponds que ça serait avec plaisir car sur le moment je voulais vraiment qu’on puisse s’expliquer sérieusement et que surtout elle puisse comprendre mes choix. Et donc suite à ça, on a fait plusieurs séances avec des intervenants professionnels. Mon père est venu aussi une fois. Je pense que ça les a beaucoup aidés à les rassurer et surtout qu’ils puissent exposer leur craintes…

Pour moi c’était vraiment très important d’avoir leur accord. Je ne voulais pas faire ça dans leur dos, je voulais qu’on s’explique correctement pour ne pas créer des tensions par la suite et qu’ils le découvrent par une autre personne que moi, ou en me surprenant en train de prier. Je ne voulais surtout pas que ce genre de scénario se produise. Donc tout ça a pris le temps qu’il a fallu, c’est-à-dire environ six mois, mais tout ça en a valu la peine.

Nous sommes donc le 17 août 2018, le jour de ma conversion. C’était un vendredi, j’avais pris mon après-midi de congé, j’étais rentrée chez moi, j’ai mangé avec ma mère et ma sœur. Ma mère m’avait proposé de m’ammener à la mosquée mais j’ai refusé gentillement car j’étais un peu gênée. Puis avant de partir, ma mère m’a dit « j’espère que tu trouveras ce que tu cherches ». Ça m’a fait très plaisir et ça m’a rassurée. J’arrive donc à la mosquée, j’étais accompagnée par la femme qui nous avait suivis mes parents et moi dans cette démarche. (big up à Géraldine). Puis l’Imam nous a faites entrer dans son bureau avec deux témoins également puis il m’a fait réciter la chahada en français et en arabe, et voilà, j’étais musulmane. La chahada est l’attestation de foi musulmane, elle est le premier pillier de l’Islam et consiste à dire sincèrement qu’il n’y a point de divinité hormis Allah et que Mohammed est son messager. C’est par cette phrase que l’on entre dans Islam.

Par la suite, ma mère l’a anoncé à notre famille, et les personnes dont je redoutais le plus les réactions sont les personnes par qui j’ai été le plus surprise en bien, à commencer par mon oncle qui est très patriote. A la maison, rien n’a changé, mis à part que ma mère doit souvent faire une casserole à part pour ma viande, car en Islam nous n’avons pas le droit de manger la viande d’un animal qui n’a pas été tué selon l’abattage rituel. Quand j’ai décidé de me voiler, ça n’a pas vraiment été facile pour tout le monde. Donc au fil du temps, mes parents m’ont posé certaines conditions par rapport au voile. A l’heure actuelle, ça fait bientôt un an et demi que je le porte et je me sens bien. C’est mon identité. Maintenant les gens savent que je suis musulmane et voilée et si quelqu’un n’est pas content, eh bien qu’ils aillent voir ailleurs si j’y suis. Les vraies personnes qui me connaissent vraiment savent que sous ce bout de tissu il y a toujours la même personne. Et mon voile, je ne l’enlèverais pour rien au monde.

Aujourd’hui je ne regrette rien dans mon cheminement et je suis toujours pleinement heureuse du choix que j’ai fait. L’Islam m’a aidée à rester positive et surtout à donner un sens à ma vie. Je sais pourquoi je suis là et je m’en remets uniquement à Lui. Aujourd’hui je sais ce que je suis, je sais à qui j’appartiens et je suis fière de pouvoir dire que je suis musulmane.

                                                                                                                                  Paix.

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