François Gauthier est un socio-anthropologue des religions d’origine québécoise, actuellement professeur de Sciences des religions à l’Université de Fribourg. Il s’intéresse notamment aux mutations modernes et contemporaines du religieux dans une perspective globale, en lien avec la montée en puissance du néolibéralisme et du consumérisme. Il est également membre du MAUSS (Mouvement anti-utilitariste en sciences sociales) et fait partie du comité de rédaction de la Revue du MAUSS semestrielle (dont voici le site internet). Vous retrouverez sa biographie et sa bibliographie ici.
En amont de la publication de l’interview, nous vous invitons à faire sa connaissance au travers de ses réponses à notre petit questionnaire à la Proust!
- Le moment où j’ai compris que je travaillerai sur cette thématique : En réalité, je ne travaille pas sur le complotisme – j’étudie tout ce qui touche à la société contemporaine – mais on m’a posé des questions sur le sujet, donc j’ai commencé à faire des recherches. Quand on a un bagage en sciences sociales, on est capable de très rapidement cerner un sujet et on sait comment travailler.
Quant à la religion et la politique, j’ai compris qu’elles seraient mes domaines d’étude dès le moment où j’ai arrêté de travailler en physique – j’avais fait des études de bachelor en ingénierie physique. Dès que j’ai commencé à m’intéresser à l’humain, il était évident que j’allais étudier la religion parce que c’est là où les vraies choses se passent. - Mon expression préférée : « Quand y’en a plus, y’en a encore » !
- Un pays dans lequel je rêverais de voyager : Tous ! Tous les endroits où je ne suis pas allé et j’aimerais aussi retourner dans les pays que j’ai déjà visités.
- Un livre indispensable pour quelqu’un qui veut mieux comprendre la sociologie des religions : Le mien ? On dirait une auto-promotion mais c’est parce que ma perspective est assez neuve et peu partagée. Il s’appelle : « Religion, Modernity, Globalisation. Nation-State to Market ».
- Quand un enfant de 8 ans me demande ce que je fais comme métier, je dis… que je suis professeur et que j’apprends aux gens à penser par eux-mêmes.
- Si je pouvais avoir un vœu exaucé, je demanderais… qu’il n’y ait plus de pauvreté mais une répartition égale des richesses.
- Un de mes endroits préférés : Tous les bords de mer.
- Trois mots qui me définissent : Je pense que je suis passionné, curieux et insatiable.
- Une des personnes que j’admire : J’en admire beaucoup. Celle qui me vient à l’esprit serait mon ami et mentor Alain Caillé qui est un sociologue français : il est un généraliste extrêmement compétent, pose les grandes questions, et est politiquement et socialement engagé tout en appréciant faire du sport et bien manger. Ça correspond à mon idéal de l’universitaire.
- Une langue que j’aimerais savoir parler : L’italien. Je suis à l’aise avec de nombreuses langues mais pas encore assez avec celle-ci.
- Un événement historique qui m’a particulièrement marqué : Le sommet du G7 à Québec en 2001 et la répression exercée à l’encontre du mouvement altermondialiste à ce moment-là, qui comprenait des enlèvements, des tirs à balles de caoutchouc, une militarisation de la répression : une violence inouïe envers des manifestants pacifiques.
- Si je ne travaillais pas dans ce domaine, je serais… écrivain ou je travaillerais dans une ONG, ou peut-être que je me serais engagé en politique.
- Ce que j’aime écouter en ce moment : Je suis un indécrottable de The Jesus and Mary Chain.
- L’œuvre que je recommande pour s’occuper durant une période de quarantaine : Le dernier film de Ken Loach, Sorry We Missed You.
- J’ai choisi cette illustration pour l’interview parce que… elle dit tout !
(Mike Flynn, ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, prête le serment de QAnon en compagnie de membres de sa famille et d’amis. Capture d’une vidéo partagée sur Tweeter.)
Propos recueillis pour Rhizome par Simon Pichelin.
